top of page
Rechercher
Photo du rédacteurexcraditiongenerale

ExCRAdition Générale Démantèlement des CRA Jour 2

Dernière mise à jour : 15 juin 2018


Mardi 12 juin, première veille nocturne devant le CRA.


Dans la nuit, on entend des mots croisés.

⁃  Petit bonhomme, en quatre lettres ?

⁃ « môme ».


Patrick et Michelle, Fred et Gaby veillent sur les dormeurs du CRA, qui roupillent comme des mômes.


Tout le monde est là, à veiller Tieri, à guetter Moussa.


Comme au CRA, il y a la relève.

Mais VEILLER n'est pas SURVEILLER,

accueillir n'est pas chasser.


Ciel au mur

murs CRAsseux

à démanteler

pierre par pierre


Je dormais encore quand Moussa a quitté le CRA.

Ils sont venus le chercher à 4.00.

Ils se sont échappés

en voiture banalisée

par la porte dérobée

qui donne sur la rue

entre le CRA et l'école.


Premier réveil devant le CRA. Un marin pêcheur nous a rejoint. Il nous raconte que depuis une dizaine d'années, dans les zones de pêche au sud de la Sicile et de Malte et au Nord de la Libye, on découvre, pris dans les filets, des cadavres.


Mer morte.


On s'enquiert du sort des 629 personnes secourues à bord de l'Aquarius, errant de port en port, bienvenus nulle part.


On pense à Moussa qui vient d'arriver en Italie, ballotté lui aussi entre la France et l'Italie, qui ne veulent pas de lui.


On imagine Sète ville-refuge, port ouvert. 

Alors on continue.


On continue les visites, les rencontres, les histoires :

Deux jeunes filles qui donnent des cours de peinture et de danse sont venues visiter Hassan et Hussein Mohager, deux jumeaux soudanais qui suivaient leurs cours à Montpellier et qui ont été arrêtés à la sortie de leur cours de FLE.


On a revu Aly Sidibé et rencontré Rachid Ali, un mineur togolais.


Nicolas est venu se présenter et a annoncé : « Aujourd'hui, je viens d'obtenir le statut de réfugié. Ma première demande d'asile avait été rejetée, je suis passé par tout le circuit : CRA, expulsion... J'ai mis 8 ans à revenir. Je reviendrai, vous raconter...


On continue les visites, les affiches, les récits.

On continue la veille permanente.

On continue en rédigeant un tract qu'on distribuera à la sortie de la soirée de présentation du théâtre Molière (histoire de).

On continue par la création d'une cagnotte pour les enfermés.

On continue à tenir la chronique quotidienne de l'exCRAdition générale.

On continue en créant le site de l'exCRAdition générale.

On continue à démanteler les CRA, pierre par pierre, mur par mur.

On continue à libérer les enfermés, un par un.


Demain, un violoncelliste soliste viendra jouer sous les fenêtre du CRA, vers 17.00.

Souad Bensa viendra de 18.00 à 20.00 répéter avec sa batuCRAda.


On continue à soutenir Moussa Kanté, Aly Sidibé et tous les enfermés.

On continue à soutenir Moussa Kanté expulsé vers une Italie de plus en plus hostile. Ce n'est pas parce qu'il est parti par la porte dérobée de la France qu'on l'oublie.

On continue à soutenir Aly Sidibé, qu'on accompagne. Une pétition est en ligne.

On a commencé à faire des affiches en espagnol, à prévoir des visites bilingues.

On continue de plus belle.


En pleine nuit, un appel. C'est Dialo Boubacar, le troisième mineur. Il est complètement affolé. Les papiers authentifiant sa minorité seraient parvenus au CRA mais ne lui ont pas été transmis. La police est venue le chercher à 4 heures du matin et a voulu le faire partir de force. Il a résisté et s'est réfugié dans la salle TV , avec les autres. On lui a prêté un téléphone et il a alerté. Je propose qu'on aille le rencontrer demain. Et qu'on continue.


Et pour finir, une proposition de Colette :


J'ai plein d'autres peintures sur les migrants, si cela peut vous servir je peux vous en faire, ou apporter des peintures une journée (s'il ne pleut pas !).

Je ne les vends pas, j'expose très peu, et je serais heureuse de les voir avec vous, devant le CRA, elles seraient à leur place.

Celle avec la femme en rouge s'appelle "Le long chemin", l'autre "Lampedusa".

Ne lâchez rien, vous soutenez les migrants, mais aussi nous tous, qui désespérons parfois, vous nous redonnez courage, j'espère que vous allez créer un élan, une vague qui va se répandre.


Moussa a-t-il été emmené ?


Votre Utopie, votre tendresse me redonnent courage, moi qui suis âgée et qui continue parce qu'il le faut, mais sans espérance, sinon celle de faire ce que je peux, chaque personne qu'on aide un peu, c'est déjà ça.


Moi qui étais, à Orléans début 1990, avec le Collectif pour protester contre l'ouverture du premier centre de rétention en France, sous Pasqua...


Je ne connais pas Moussa, je ne l'ai jamais vu, mais je pense à lui sans arrêt, comme à un ami, grâce à vous, nouveaux Justes. Je me suis réveillée ce matin à 6h et j'ai pensé que la police l'emmenait.


Je milite aussi, depuis longtemps, avec mes peintures.


Merci de votre courage, prenez soin de vous.


Juliette pour ExCRAdition générale




132 vues0 commentaire

Comments


bottom of page