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ExCRAdition Générale - Démantèlement des CRA - Jour 3

Dernière mise à jour : 15 juin 2018

ExCRAdition générale

Troisième jour de démantèlement des CRA

DéCRAssage des lois CRApules et scélérates


InCRAcérés à Sète


Mohammed

17 ans et demi

né le 5 février 2001 dans le Nord du Togo

orphelin de père à huit ans, perd sa mère à treize

recueilli par son oncle qui vit au Niger

y reste deux ans, sans y être scolarisé, et subissant le racisme des Nigériens à l'encontre des Togolais

agressé par des musulmans, en marge des manifestations contre les chrétiens qui secouent Niamey en 2015, alors qu'il est lui-même musulman

décide de quitter le Niger

passe par la Libye, obtient de l'aide à Tripoli pour traverser la Méditerranée, et se retrouve à Naples

tests osseux pratiqués à Naples, dès son arrivée en Italie : 15 ans

dirigé vers une hôtel d'hébergement, y reste un mois et demi

se retrouve à Nice, rencontre de jeune Ivoiriens avec lesquels il peut enfin communiquer, prennent le train ensemble, se font débarquer à Montpellier, dorment devant la gare

le matin, une femme les conduit au local du RAIH [Réseau Accueil Insertion Hérault], qui les place en hôtel d'hébergement, puis dans un foyer de l'enfance

il est alors orienté vers l'association UTOA [un toit où apprendre] qui l'inscrit dans une formation en menuiserie, jusqu'à la fin de l'année scolaire, puis en hôtellerie à la rentrée 2017

il est arrêté chez lui à six heures du matin le 4 avril 2018

condamné à trois mois de prison, il effectue une partie de sa peine (1 mois et 3 semaine) à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone, avant d'être transféré au CRA de Sète le 30 mai 2018

nouveaux tests osseux pratiqués lors de son arrestation, soit un an et demi après son entrée sur le territoire : 18 ans

est dans l'attente d'un certificat de naissance que son oncle, depuis le Niger, a adressé à l'ambassade du Togo en vue d'être authentifié

Manuel


Issa

Il a 17 ans, mais sa minorité est contestée. Il est au CRA depuis le 25 mai 2018.

Originaire de Guinée, il est parti car « il y a beaucoup de souffrance, là bas » ; Son père est mort quand il avait 2 ans, sa mère n'a pas de travail, pas de revenus. Il es arrivé en l'Espagne  a pris le bateau, c'était très dur . « après, arrivés ici, ils te fatiguent, ils veulent te prendre comme une valise pour t'envoyer ailleurs ». En Espagne, il a dit qu'il était majeur, pour qu'ils le laissent partir (sinon, aurait été pris en charge par les services sociaux de l'enfance.

Il est arrivé en France, à Montpellier, en février 2017 et été accompagné par l'Aide Sociale à l'Enfance, d'abord au foyer de l'enfance, puis, à partir de juin 2017, dans un appartement avec deux autres jeunes et un éducateur qui venait chaque jour ; il n'a pas pu être inscrit dans une scolarité, car les inscriptions étaient déjà faites. Il veut passer un CAP de cuisinier, a fait des stages cette année. Il dit que si sa situation s'arrange, il a toujours sa place là-bas, peut être...

En mars dernier, il a été convoqué par la police, qui a contesté sa minorité : « Ils m'ont posé des tas de questions bizarres, comme est-ce que j'ai un facebook » ; il a été jugé en comparution immédiate, et envoyé directement à la prison de Villeneuve les Maguelone ; L'avocat, « donné par la police », n'a même pas regardé le papier résumant son histoire écrite par Forum Réfugiés : « Il l'a jeté comme ça sur la table ».

Il répète, « je ne veux pas qu'on me renvoie dans mon pays, il y a trop de souffrance là bas ».

Avant son incarcération,, il était encore en contact téléphonique avec ses frères restés en Guinée, mais la police lui a pris sa carte sim, et il ne veut pas qu'on les préviennent pour lui, pour ne pas les inquiéter. Nous lui apporterons un téléphone.

Il nous dit que c'est bien de pouvoir parler, que dedans, chacun a ses problèmes. Il dit que la prison et le CRA, c'est pareil. Inscrit fin mai ou en juin. Des éducateurs sont venus le voir samedi dernier, pour avoir de ses nouvelles.

J'ai revu Boubakar Dialo le 13 juin, lui ai apporté un téléphone, il a contacté Juliette pendant la nuit, car des policiers ont voulu l'emmener à Paris, pour aller au consulat de Guinée. Il a refusé d'y aller sans les papiers d'identité qui étaient arrivés par erreur à la police de l'air et des frontières, par crainte que le consulat donne un laisser passer pour le renvoyer en Guinée, où il risque de la prison (pour avoir quitté illégalement le territoire). Il s'est réfugié avec d'autres détenus dans la salle TV et la police a renoncé à l'emmener. Il est rassuré de savoir que c'est maintenant Forum Réfugiés qui a récupéré ses papiers.

Sandrine



Monsieur K.

Nous avons le choix. Le choix du parloir.

Celui-ci est minuscule, deux des chaises sont fixées à la table, on y tient à peine à trois. Et la lumière ne fonctionne pas.

L'autre est plus spacieuse et lumineuse.

Dans la première il y a une prise pour charger le téléphone !

Dans la seconde on capte mieux le réseau !

Au choix !

M.K. a 23 ans, un visage fin. Il habite à Lyon. « Pourquoi tu n'es pas allé au CRA là-bas ? - Il n'y avait plus de place ».

Il comprend et ne comprend pas. C'est un bon gars, se défend-il, jamais de bêtise, jamais de prison. Les yeux criants d'innocence. Il sait pourtant pourquoi on l'a enfermé ici.

M.K. est marié. A une française. Comme elle n'a pas encore 18 ans, le mariage n'est pas encore validé. Ah oui ? Eh oui, c'est écrit là, sur tous ces papiers qui attestent du mariage, de la minorité. Papiers, papiers, papiers... Et aussi dans sa sincérité.

Ils sont charmants les tourtereaux, sur les photos. Main dans la main, un peu partout. Choupinous.

M.K. enchaîne les tribunaux. Ce matin, le Juge des libertés et de la détention. Demain, la cour d'appel. Après-demain, le tribunal administratif. Il faut s'y retrouver. Il ne se laisse pas abattre, est entouré à distance par sa famille, ses amis, à Lyon. Magie du téléphone portable. Il s'accroche, aussi, aux lueurs d'espoir. Les yeux débordants d'y croire.

Attention, attention à ne pas lui faire miroiter un avenir qu' on n'a que trop envie d'imaginer. Attention, attention à repréciser la modestie de notre démarche. Des gens, c'est tout, pas juristes, pas juges, pas avocats, juste des êtres humains. Pour faire sortir de ce parloir étriqué son regard étonné.


Messieurs M.

Deux jumeaux, on dirait un sketch ! Rigolards, enthousiastes et détendus. Ils disent les choses simplement. Bien entourés - amis, collectif militant, etc. -, ils ont l'air plutôt tranquilles.

Ben oui, après tout, c'est simple, non ? Ils étaient dans un PRADHA , centre d'hébergement pour demandeurs d'asile à Villeneuve les Maguelone (entre les salins et la prison). Et puis, on leur a dit qu'ils devaient repartir en Italie à cause de la fameuse « Procédure Dublin ». Ils ne voulaient pas, alors ils sont partis. C'est aussi simple que ça ! Ben oui, ils ont quittés le PRADHA et voilà. Ils étaient tranquillement en train de se rendre à un cours de français et bim, on les contrôle ! Juste eux, alors qu'ils étaient avec d'autres. Juste eux, alors qu'ils étaient habillés normalement, qu'ils ne faisaient rien de mal. C'est pas de bol quand même !

Quand l'un parle, l'autre acquiesce ; quand l'un rit, l'autre aussi, quand l'un regarde, l'autre voit. Ils sont plus que jumeaux, ils sont unis comme les bras d'un même corps, ensemble, profondément ensemble.

Oui, ils veulent bien un paquet de gâteaux. Ils ne font pas ramadan ? Non, ils ne sont pas musulmans. « Ah bon, vous êtes soudanais et pas musulmans ? » Ils éclatent de rire « ben oui, c'est pour ça qu'on est là !! » Comme une bonne blague.

Ils plaisantent sur tout, « ici tu peux changer de lit tous les soirs si tu as envie ! Tu en vois un qui te plaît, tu y vas, c'est génial ! ». « Ici tout le monde est nos amis. Ben oui, on est tous dans la même ... situation !».

« - Et comment vous vous sentez ici ? ». Les rires cessent, les visages deviennent graves. « Ici, on ne sait jamais ce qui peut arriver. » Silence.

Puis ils recommencent à rire et plaisanter.

Céline


William

Ce jeune Angolais devait sortir du CRA vendredi. On avait prévu de le visiter jeudi et de l'accueillir, à sa sortie, chez des amis.

Il a été transféré de Sète à Paris pour être expulsé vers l'Angola. On lui a dit qu'il ne s'agissait que d'un transfert, non d'un retour en Afrique.

Deux avions et trois ans de vie en France.

C'est par la porte de derrière du CRA qu'il est parti.

Pierre


Pétition pour Hassan et Hussein Mogaher

Frères jumeaux soudanais de 25 ans, emprisonnés au centre de rétention de Sète depuis le 31 mai, risquent d'être expulsés vers l'Italie. Merci de participer à cette campagne de mails urgente au préfet pour les faire libérer, en envoyant le message ci-dessous qui détaille leur situation aux adresses du préfet, secrétaire général, directeur de cabinet et secrétaire général adjoint indiquées ci-dessous. N'oubliez pas d'indiquer votre nom et profession, c'est important.


Relayez largement autour de vous ! Merci pour Hassan et Hussein !

Adresse de la préfecture : 


Monsieur le Préfet de l'Hérault,

Je m’adresse à vous pour porter à votre connaissance la situation tragique dans laquelle se trouvent Hassan et Hussein Mohager, frères jumeaux soudanais de 25 ans de religion chrétienne réfugiés en France suite aux persécutions qu’ils ont subies au Soudan à cause de leur religion.

Ils sont nés au Darfour, où la population est quasi exclusivement musulmane. Séparés très jeunes de leur parents, ils ont été recueillis par une famille de religion chrétienne et se sont ensuite convertis à leur religion. De retour dans leur région pour retrouver leur famille,  ils ont été victimes de menaces de mort explicites et répétées de la part des habitants à cause de cette religion. Ils sont, avec leur grand frère, les seuls chrétiens du village.

Ils n’ont aucune liberté de conscience et ne peuvent bénéficier d’aucune aide que ce soit dans un pays en guerre contre les chrétiens. Ils sont donc contraints de fuir leur pays et sur leur parcours d’exil du Soudan à la France via la Lybie, connaissent emprisonnement et torture par privation d’alimentation et électrocution.

Leur canot qui leur permettra de fuir la Lybie fera naufrage et ils seront secourus par l'Aquarius, bateau de SOS Méditerranée.

Quand ils parviennent enfin en Italie, leurs empreintes sont prises de force.

Depuis leur arrivée sur Montpellier en novembre 2017, Hassan et Hussein ont réellement commencé à se reconstruire une vie, ont des amis, fréquentent des lieux qu'ils affectionnent, s'ancrent dans une ville et une population où ils ont toute leur place. Ils se projettent dans l'espoir de reprendre leurs études.

C'est dans ce contexte qu'ils ont été rattrapés par une procédure Dublin qui voudrait absurdement les expulser en Italie, pays, comme vous le savez, en défaillance systémique, qui ne parvient plus à traiter les demandes d'asile, ni à garantir des conditions de vie dignes pour les réfugiés et les expulse  même vers des pays où ils sont en danger de mort. C’est le cas du Soudan où Hassan et Hussein sont toujours en danger de mort.

D’ailleurs, depuis quelques jours, l'Italie n'a plus aucune honte à afficher une politique de rejet, en refusant de laisser accoster l'Aquarius, avec 629 réfugiés à son bord.

Hassan et Hussein sont aujourd'hui retenus au centre de rétention de Sète et risquent d’être expulsés de manière imminente vers l’Italie.

Pour tout cela je vous demande instamment de libérer Hassan et Hussein, de les laisser déposer une demande d'asile en France, afin de leur donner enfin une chance de se reconstruire à nos côtés.

Dans l’espoir de votre intervention en leur faveur, je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, à l'expression de ma haute considération. 

Prénom – Nom

Profession


Pétition pour Aly Sidibé

Aly sera convoqué au tribunal le 16 ou 17 juin. On en saura plus samedi. On attend toujours qu'arrive de Côte d'Ivoire l'extrait d'acte de naissance prouvant sa minorité. Il est suivi dès aujourd'hui par une avocate que Yann a contactée.


Pétition pour Mamadou Barry


APPEL à rassemblement

Mercredi 20 juin à 14 heures au TGI de Montpellier, place Pierre Flotte, pour soutenir Mamadou Barry, incarcéré à Villeneuve les Maguelone.

Mamadou a demandé une place à Joliot Curie en seconde professionnelle.

Françoise propose un covoiturage à partir de Sète.


Actions de déCRAssage

Cyril a lu le tract lors de la soirée de présentation du théâtre Molière et a été hué par des personnes qui voulaient que le concert puisse débuter.

Martine a donné à lire à la réalisatrice un texte rédigé à la main par Tieri avant la projection d'un documentaire diffusé par l'association Quai des docs, au cinéma Le Comoedia. Même opération vendredi lors de la soirée Salsa au cinéma.

Et ainsi de suite...


RENDEZ-VOUS JEUDI 14 JUIN à 18 HEURES 15 QUAI MAILLOL POUR UN POINT INFO SUR L'ORCRANISATION GENERALE ET LA FORMATION DES EQUIPES


Message d'alerte 

La préfecture, depuis une semaine, effectue des convocations téléphoniques prétextant des délivrances de récépissés.

S'en suivent soit des arrestations Dublin soit des OQTF (jeunes majeurs).

Autre nouvelle pratique : retrait des passeports avec convocation pour expulsion lors de visites de familles au CRA.

Proposition :

Lettre ouverte au préfet demandant un rendez-vous immédiat et la cessation immédiate de ces pratiques.

Conférence de presse demain à 14 heures à l'occasion de la convocation de deux jeunes (majeurs le 24 et convoqués à la Préfecture demain).

Via LDH (Ligue des Droits de l'Homme)


Et pour (en) finir (avec les CRA), un message de Joe :

À mes Ami-es de la ZAD, de partout et d'ailleurs.

La peau tendue du tambour des luttes résonne des battements de ce Choeur vivant, palpitant, qui enfle de la ZAD à BURE, de la ROYA à CALAIS, des Facs aux Usines, de l'Hôpital aux Services publics, étranglés.

De l'Aquarius au CRA de SÈTE ...

Des actions se construisent, se concrétisent...

Des voix s'élèvent, se répondent, s'amalgament, se mélangent, se métissent, se propagent...

Les pyromanes du gouvernement n'y pourront rien, car déjà des braises rougeoient !


Juliette pour Excradition générale



FB : Excradition générale

Merci à Ernest Puerta pour les images des jours 2 et 3.

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