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ExCRAdition Générale Démantèlement des CRA Jour 5 - Samedi 16 juin

Dernière mise à jour : 18 juin 2018


Impose ta chance, serre ton bonheur et vas vers ton risque.

À te regarder, ils s'habitueront

Rene Char



Visite au parloir, Lahocine et Bassem


Ils partagent la même chambre. Aujourd'hui, ils ont refusé tous les deux le petit-déjeuner, puis le repas, comme huit de leurs co-détenus.

Visite au parloir, Muesin

« On a tous décidé de ne pas monter, pour le dîner ».

C'est la fin du Ramadan.

Et le début de la grève des plateaux au CRA de Sète.

Il paraît qu'à Nîmes, c'est pareil.

Puissant.


Vers huit heures du matin, une voiture de Police longe le quai qui borde notre campement de fortune. La voiture s'arrête, les vitres se baissent côté droit. Et là, l'un deux, s'adressant à Tieri et aux sentinelles antiCRA avec chaleur, lance ce simple mot :

- " Bravo ! "

Et les quatre policiers repartent, poing levé.


Grève dedans, grève dehors, poings levés. 


#

DéRouté du droit d’asile …


Hier matin , l’Assistante Sociale d’un Lycée Professionnel de Montpellier est venu apporter à Aly Sidibé un message de ses condisciples , marquant ainsi le soutien de l’équipe enseignante. . Elle n’a pas eu à franchir les portes – imposantes – du CRA ( Centre de Rétention Administrative , 15 quai Maillol , centre-ville de Sète ) : le lycéen n’y était plus enfermé depuis le matin même ..


Il avait été réveillé aux aurores – l’heure des grandes décisions de « justice » en France - par plusieurs policiers , menotté , embarqué en fourgon direction Roissy et , de là et malgré l’opposition des passagers , mis dans l’avion pour Abidjan.


Son crime : avoir cru qu’un mineur, qui plus est venant d’une ancienne « colonie » , pouvait bénéficier du droit d’asile en France, au terme du périple qu’on imagine . Ses papiers - indispensable sésame dans un pays développé - attestaient qu’il avait 16 ans ; les tests physiques – au demeurant d’une fiabilité relative- qu’il en avait entre 16 et 18 : c’est donc cette dernière valeur qui a été retenue pour le rendre présumé ( sic ) majeur , condamnable , enfermé et expulsable .. Qu’il soit francophone , scolarisé avec succès dans un lycée ( fin de 1ère année de CAP ) , manifestement « intégré » au regard de la vague de protestation soulevée et … sans doute mineur , n’y a rien changé !


En juillet prochain, Aly Sidibé fêtera ses 17 ans en Côte d’Ivoire . Et Tieri Briet continue la grève de la faim qu’il mène en notre nom, depuis 5 – longs – jours déjà ,devant le CRA . Tous deux déGoûtés du droit d’asile en France …


Bernard Wagnon


 #

Maintenant, j'ai trois Aly, dans mon téléphone : Aly Sidibe, l'enfant venu de Côte d'Ivoire réaliser son rêve d'école, Aly Sidibe OK, le jeune enfermé, et maintenant, Aly Abidjian, l'expulsé.


Affaire classée.


« Ils étaient dix contre un ! Ils ne m'ont pas laissé le choix. Ils m'ont soulevé, menotté, embarqué. »


Machine à broyer et à expulser, les CRA. Que ce soit bien clair.


J'entends sa rage, au téléphone :


« Ils m'ont eu ! Après tout ce travail, tous ces efforts... J'ai fait des stages gratuits et on m'attache comme un cheval ! Je suis traumatisé, ça peut me rendre fou, 'à chaque fois que j'y pense, je pleure. Ils ont gelé la loi ! La seule loi, c'est le racisme !».


Il réalise l'esbroufe. Il réalise le mensonge, l'injustice, la brutalité. Je lui dis que sa colère est juste. Je lui dis que ce n'est pas lui, l'animal.


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Tieri a légèrement migré, aussi loin que sa chaîne le lui permet. Il se retire parfois un peu à l'écart, adossé au mur du CRA, derrière la petite tente rouge. Il a trouvé la bonne distance entre les conversations auxquelles il est bien incapable de ne pas participer et le calme de la lecture et de la réalisation d affiches AntiCRA.


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Salam a todos,


Je n'apprécie pas vraiment qu'on puisse nous traiter d'anar-gauchistes, simplement parce que nous tentons d'autres stratégies pour venir en aide aux exilés enfermés à l'intérieur du CRA. Alors je réponds à vos niaiseries, si nous avons encore un droit de réponse.


Que faisons-nous exactement ? En quatre jours, nous avons apporté une dizaine de téléphones aux détenus, avec cartes SIM et recharges. Nous vivons avec eux en permanence, eux derrière les murs, nous devant les grilles. Nous racontons précisément parce que plusieurs d'entre nous, c'est vrai, avons été journalistes. Nous avons intensifié les visites, nous communiquons en permanence avec les détenus récemment expulsés, avec ceux qui sont derrière les barreaux pour documenter leurs parcours et leurs histoires. Par écrit, en photographie, en vidéo et sur les réseaux sociaux.


ExCRAdition générale, c'est qui ? Deux poètes, un circassien, un auteur jeunesse également romancier. Nous ne sommes pas des militants professionnels, c'est vrai, mais à force, nous sommes aussi devenus des experts de ce qui se joue aujourd'hui autour des CRA et des frontières de l'Europe. Nous sommes en réseau, c'est vrai, avec les comités d'aide aux réfugiés à Calais et Paris, Milan et Turin, Barcelone et Munich. Si vous tenez tellement à nous insulter, vous pouvez nous traiter d'internationalistes, à la rigueur, de No-Border aussi si vous tenez absolument à fllouter notre travail. Nous avons seulement établi un atelier permanent face au CRA, sous le soleil, pour venir en aide aux réfugiés 24H sur 24H et afficher leurs paroles sur les murs. Alors continuez à nous insulter au sein du réseau RESF dont nous sommes membres, nous aussi.


Je ne vous salue pas, madame.


Tieri Briet


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À Sète, il faut quand même le rappeler, la lutte contre le CRA du quai Maillol a commencé il y a plusieurs années, au sein d'un collectif qui n'a jamais cessé de rendre visite aux étrangers enfermés derrière les barbelés. Ils ne sont pas nombreux, à l'intérieur du Réseau Éducation Sans Frontières de Sète et du bassin de Thau, mais ils sont vaillants. Comme Kirikou, l'enfant d'Afrique du film de Michel Ocelot.


Alors au fil des ans, ce sont des centaines de rencontres au parloir, des témoignages qu'on n'oublie pas une fois qu'on les a lus. Des textes où nos frères migrants racontent le malheur d'être exilés et sans papiers dans l'Europe forteresse. Eux, ce sont les nouveaux parias d'un monde qui devient incapable d'accueillir, c'est pour eux qu'on se bat. Et avec eux, il y a ces volontaires de RESF qui n'ont jamais cessé de leur rendre visite, de recueillir leurs paroles et de les diffuser à l'intérieur d'un petit groupe de justes que nous sommes fiers d'avoir rallié cette année.


Et l''an dernier sont arrivés deux énergumènes. On les appelle comme ça parce qu'on les aime. Pierre Mounir est circassien, comédien et il appartenait aux justes de RESF. Mathieu Gabard est poète de rue à Montpellier, un solitaire solidaire qui est venu, pendant l'été 2017, recueillir la parole des enfermés du CRA pour la crier dans les rues de Sète. Sète la maudite puisque depuis toutes ces années, on y pratique l'emprisonnement systématique des étrangers. Avec Pierre et Mathieu, les « CRAieurs de rues » étaient nés et c'était une vraie naissance, le commencement d'une aventure aussi. Un jour de mars 2018, les deux énergumènes ont recommencé à crier ces paroles qui racontent le malheur. On était une dizaine à être venus les écouter. Et c'est ce jour là qu'on a eu l'idée des affiches. « ExCRAdition générale ! » était né.


Tieri Briet


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Ce soir, une petite troupe de CRAfficheurs a été envahir les murs de paroles d'enfermés et d'écrivains, peintes à la main.


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Point Info tous les soirs à 18.00.


Juliette Massat pour ExCRAdition générale


FB ExCRAdition générale


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