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Libérez Moussa Kanté



ENSEMBLE, EMPÊCHONS L'EXPULSION DE MOUSSA KANTÉ ET EXIGEONS SA RÉGULARISATION

C'est l'histoire banale d'un étranger enfermé dans l'enfer d'un Centre de Rétention Administrative, parce que la France veut l'expulser.

Il a été « dubliné » en Italie. Il a fui la guerre, les extorsions, l'esclavage. Il a traversé la mer, franchi les Alpes. Arrivé au bout de son périple, on le prive de sa liberté, on l'inCRAcère dans une prison qui ne dit pas son nom, qui ne fgure sur aucune carte. Une prison invisible pour des hommes sans-papiers, au cœur de la ville, entre un navire abandonné et une école maternelle.

Pourquoi s'intéresser au sort de Moussa plutôt qu'à un autre ? On pourrait tout aussi bien parler de ces enfants « présumés majeurs » par des tests osseux non fables, qu'on déscolarise, condamne, incarcère pour usage de faux. On pourrait aussi raconter les grèves de la faim, les mutilations, les suicides, le désespoir des enfermés que l'on vient rencontrer.

Piégés, traqués, enfermés, expulsés, ils sont victimes de violences physiques, psychiques, administratives, juridiques, policières. Nous devons enrayer la mécanique des inCRAcérations et des expulsions. Il nous faut agir avant qu'il ne soit trop tard, lutter contre cette logique d'élimination, d'effacement, de déni d'identité. Il n'y a pas à choisir, à établir une hiérarchie des migrations. Il faut les libérer un par un avant qu'on ne les détruise, avant qu'ils ne se détruisent.

« Il faut d'abord libérer la parole des enfermés, puis leur corps. C'est à dire les libérer, eux » comme dit le philosophe Michel Negrell.

Le mot d'ordre de notre combat est l'exCRAdition GÉNÉRALE. Il faut interdire les CRA. L' histoire de Moussa vaut pour toutes les autres. C'est l'histoire des exilés que l'on tente d'effacer de la carte, des étrangers que l'on chasse de nos territoires. Ne pas avoir de papiers n'est pas un crime. Traiter les sans-papiers comme des criminels, là est le crime. Un crime d'État.

RASSEMBLONS-NOUS CONTRE SON EXPULSION, POUR PERMETTRE À MOUSSA D'OBTENIR L'ASILE EN FRANCE. RDV LUNDI 11 JUIN à 12H DEVANT LE CENTRE DE RÉTENTION ADMINISTRATIVE DE SÈTE, 15 QUAI FRANÇOIS MAILLOL. PIÈGE À LA PRÉFECTURE

Piégé il y a dix jours à la Préfecture de l’Hérault.

Victime du vice, de la tromperie, du cynisme de l’administration préfectorale à Montpellier. Le 24 mai 2018, Moussa Kanté a été piégé.

Il avait rendez-vous à 9H.

Pour renouveler un récépissé.

Ils lui ont pris son récépissé.

Et lui on dit de repasser, à 14H.

À 14H, il est repassé.

Des policiers l’attendaient.

Depuis, il est enfermé au CRA de Sète.

« J’avais confance, je voulais faire les choses réglo, j’avais confance ! »

Trompé, abusé, pris dans le traquenard préfectoral.

« Je ne savais pas que prendre ses empreintes en Italie voulait dire être obligé de rester en Italie et d’y faire sa demande d’asile. Je ne parle pas italien, je ne parle pas anglais, je ne comprenais rien là-bas. »

« Je ne veux pas retourner en Italie, je vais galérer là-bas, je vais être à la rue, je ne sais pas comment dire où j’ai mal au corps en italien, je ne peux rien exprimer. »

Je lui propose mon questionnaire poétique.

Ta couleur?

« Le blanc. »

Pourquoi ?

« Quand tu le portes, les gens te voient de loin, c’est clair, tu ne peux pas te cacher. »

Ta chanson ?

« Celles qui parlent d’histoires et d’esprit, quand tu n’as pas étudié, faut écouter des choses qui élèvent le moral, qui te rendent plus intelligent. »

Ton animal ?

« Le buffe, ou non, la vache, elle est pas trop énervée, pour collaborer avec elle c’est facile.»

Ton élément ? Eau, feu, air ou terre ?

« C’est compliqué... Bon... Tous ensemble je dirais, on peut pas les séparer, même si tu apprends de l’air, il faut avoir les pieds sur terre. »

Monsieur le Préfet, je m’adresse à vous.

Ça ne sert à rien.

Vous vous faites du mal.

Vous nourrissez vos propres fantômes.

Libérez Moussa Kanté ou bien démissionnez.


Peut-être n’êtes vous pas à la hauteur de ces humains passants ou arrivants.

Peut-être pas à la hauteur de cette tâche qui demanderait, à l’encontre de la politique actuelle du gouvernement, de prendre des positions courageuses, solidaires, généreuses, hospitalières.

S’il vous plaît, faites-le au moins pour vous.

Ne faites pas de la tromperie, du mensonge, et du vice une méthode.

Reconnaissez publiquement que vous avez tendu un piège à Moussa Kanté,

excusez-vous auprès de lui,

puis, libérez-le,

enfin, régularisez-le.


Le cas échéant, démissionnez.

Pour la fin du piège à étranger,

libérez Moussa Kanté,

ou bien Monsieur le Préfet, démissionnez.

Mathieu Gabard, écrivain, rencontre au parloir du 29 mai 2018.




ASILE INTERDIT


Moussa Kanté a 30 ans, il est originaire de Côte d'Ivoire et est inCRAcéré depuis le 24 mai 2018 à Sète. Il a fait appel du dernier jugement (OQTF et reconduite en Italie programmée le 12 juin). La première phrase prononcée par Moussa est un cri : « On chasse la liberté, ici ! »


Il raconte : « J'ai quitté la Côte d'Ivoire en 2010. J'ai été blessé pendant la guerre civile, lors du coup d'État. Regarde : Là (blessure au crâne), là (au pied) et là (au mollet). Des balles perdues... J'habitais Duékoué, dans le quartier Carrefour, le premier quartier des chrétiens. J'ai grandi avec eux. La Côte d'Ivoire est une ancienne colonie française, je suis francophone. Même la monnaie est en francs ! En francs CFA. Et puis un jour, ou plutôt une nuit, le 3 janvier à cinq heures du matin, ça a commencé. De là viennent mes blessures. Beaucoup de musulmans tués, dans le quartier. Regarde, sur internet, tu verras. Je me suis enfui dans la brousse. Je suis resté trois jours dans les bas-fonds. Quand la ville s'est calmée, La Croix Rouge m'a retrouvé. Ils ont vu que j'étais encore vivant. Ils m'ont soigné. Mais la guerre était pas trop fnie : il y avait des cadavres pas encore enterrés, des coups de feu. Alors je me suis enfui. J'ai traversé le Burkina, le Niger et la Libye. Puis j'ai traversé la mer. » Traversé les frontières, traversé la mer, traversé la guerre, passé à travers les balles. « J'ai été braqué par des Nigérians. Au couteau. Tous les jours, ils tournent. Tous les jours, je donnais ce que j'avais gagné dans la journée. Ou tu donnes, ou tu meurs. Alors je donnais l'argent, pour garder la vie. Tous les jours, pendant 6 mois.


En Libye, j'ai été fait prisonnier par un couple, dans une maison, pendant trois ans. Je nettoyais, nettoyais, nettoyais... Pas d'argent. Une vraie prison. Moi, je rêvais d'Europe. Quand ils ont compris que je n'avais pas de famille à contacter, ils m'ont libéré. Ils m'ont amené au bord de la mer et m'ont mis dans un zodiac. Ils ont dû trouver quelqu'un d'autre, pour me remplacer... En Italie, j'ai laissé mes empreintes. Je ne savais pas que cela rendrait l'asile en France impossible. » Dubliné. Piégé.


« Je parle français, ici on se comprend. Rester en Italie, c'est une perte de temps. Et puis il n'y a pas de travail... Je me souviens, il y avait des femmes qui nous amenaient de quoi manger. Sinon, on devait chercher dans les poubelles, pour manger. J'ai quitté l'Italie pour la France, je suis venu par la montagne, dans la neige. »


Dernièrement, il dépose sa demande d'asile à la préfecture de l'Hérault. Il se présente à la convocation du 24 mai, à 9 heures. On lui demande de revenir à 14 heures. On garde sa convocation, son récépissé de demandeur d'asile. À l'heure dite, la Police Aux Frontières l'embarque. Il est inCRAcéré à Sète. Piégé. En préfecture.


« Je suis juste un voyageur sans papiers. Je ne veux ni le camp en Italie, ni la prison en France. Je veux la liberté. »


Il est convoqué à la cour d'appel de Montpellier mercredi 6 juin, à 10 heures. Moussa n'est pas présent au tribunal car la PAF, en sous-effectif, n'a pas pu l'escorter. Malgré son absence bien involontaire, la magistrate a statué et rejeté son appel. Moussa sera expulsé vers l'Italie le 12 juin 2018. Juliette Massat, professeur de Lettres et membre du Réseau Éducation sans Frontières, rencontres au parloir du 4 et 5 juin 2018.

PÉTITION Une pétition en ligne circule sur change.org ou via la page Facebook Excradition générale ou à renvoyer signée à matgabard@gmail.com. https://www.change.org/p/pierre-pouëssel-libérez-moussa-kanté-enfermé-au-cra-de- sète-depuis-le-24-mai-2018

Monsieur le Préfet, Je suis extrêmement choqué(e) par ce qu'est en train de subir Monsieur Moussa KANTÉ. Monsieur Moussa KANTÉ, qui a déposé sa demande d'asile procédure Dublin à la préfecture de l'Hérault, s'est rendu à ses rendez-vous les 16 mars et 16 avril 2018.


Lors de son dernier rendez-vous le 24 mai 2018, à 9h , comme indiqué sur sa convocation, il se présente et l'agent l'informe qu'il ne peut pas être reçu, lui prend sa convocation et lui demande de revenir à 14h pour récupérer ce document.


Monsieur Moussa KANTÉ est une personne honnête et de bonne foi. Il est venu à chacun de ses rendez-vous à la préfecture. Il revient donc à la préfecture à 14h, la police est présente et le conduit au Centre de Rétention Administrative de Sète, en attente d'une expulsion vers l'Italie. Comme vous le savez, l'Italie est en défaillance systémique. Avec un système d'accueil saturé, l'Italie n'a pas pu accueillir dignement Monsieur Moussa KANTÉ.


Les conditions ne lui ont pas permis d'accéder non plus à ses droits à la santé (pas de médecin dans le camp pouvant prendre en charge ses problèmes de santé) et ce, durant six mois. Monsieur Moussa KANTÉ a souhaité rejoindre la France, pays des droits de l'Homme, où il a des repères culturels et linguistiques.


Il a quitté la Côte d'Ivoire en 2010, en plein confit politique, car sa vie y était en danger. Il a traversé le Burkina Faso, le Niger, la Libye où il a été retenu trois ans en prison dans des conditions extrêmement diffciles, puis il est arrivé en Italie en 2017, où ses empreintes ont été prises. Il n'a cependant pas déposé de demande d'asile en Italie.


Dès son arrivée en France, à Montpellier, Monsieur Moussa KANTE a suivi des cours de perfectionnement en français (3 fois par semaine) à la Cimade, il a su également créer et entretenir des liens, et a un véritable cercle d'amis. Il était électricien en Côte d'Ivoire et espère poursuivre dans ce domaine en France.


Je pense donc que vous aurez à cœur, Monsieur le Préfet, de mettre fin à cette procédure d'expulsion, et que vous permettrez enfin à Monsieur Moussa KANTÉ de déposer sa demande d'asile en France, pour que son histoire et ses souffrances soient enfin entendues.


Dans l'espoir que vous reconnaîtrez la situation comme relevant de ce besoin d'humanité, je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, à l'expression de ma considération. ________________________________________________________________________________ Ce texte, adressé au préfet de l'Hérault, Pierre Pouëssel, a été rédigé par Nathalie, sa «marraine» de Migrants Bienvenue 34, employée à la sécurité sociale.


Je signe la pétition de demande de libération de Moussa Kanté, vu les conditions indignes de son arrestation à la préfecture de Montpellier, le 24 mai 2018, puis de son enfermement au CRA de Sète.


Je demande que les services de la république fassent dignement leur travail d’examen des situations des migrants et réfugiés, dans le respect du droit français et international et dans un esprit d’humanité au service des droits de l’homme.


Je demande que cessent les arrestations et les renvois aux frontières, et que les enfants réfugiés, conformément au droit français et international, aient accès à une prise en charge digne et à la scolarité.



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